Préparation initiale et écorchage de la peau

Le traitement d'une peau de serpent commence bien avant le séchage lui-même. La qualité du produit final dépend grandement de la fraîcheur de la peau et de la manière dont elle est retirée. Idéalement, il faut travailler sur un serpent récemment décédé pour éviter toute décomposition qui pourrait endommager la peau et rendre le processus plus difficile. Avant toute chose, il est crucial de s'assurer que l'espèce de serpent n'est pas protégée et que sa collecte est légale dans votre région.

Pour l'écorchage, vous aurez besoin d'un minimum d'outils, mais leur qualité est primordiale :

Un couteau très bien affûté ou un scalpel.
Une surface de travail plane et facile à nettoyer.
Des gants pour l'hygiène et la protection.

Commencez par placer le serpent sur le dos. L'incision de départ se fait généralement au niveau du cloaque (l'orifice postérieur). À partir de ce point, réalisez une coupe droite et superficielle le long de la ligne médiane du ventre, en remontant jusqu'à la pointe de la mâchoire inférieure. Soyez délicat pour ne couper que la peau et non les muscles ou les organes sous-jacents. Une fois l'incision faite, le travail le plus minutieux commence : séparer la peau du corps. Avec vos doigts et l'aide de votre couteau pour les zones adhérentes, pelez délicatement la peau sur les côtés, comme si vous retiriez une chaussette. Procédez lentement pour éviter les déchirures. La zone de la tête est souvent la plus complexe ; il faut la détacher avec soin pour conserver l'intégralité des motifs.

Nettoyage en profondeur et écharnage

Une fois la peau retirée, elle doit être nettoyée immédiatement. La face interne est recouverte d'une membrane, de restes de graisse et de tissus musculaires. Cette étape, appelée écharnage, est absolument essentielle. Si ces tissus ne sont pas complètement éliminés, la peau pourrira, dégagera une odeur nauséabonde et les écailles risquent de tomber.

Pour un écharnage efficace, étalez la peau côté écailles vers le bas sur une surface lisse et solide, comme une planche de bois ou une poutre légèrement arrondie. Une surface bombée facilite le travail en tendant la peau au fur et à mesure que vous progressez. Utilisez un outil non coupant, comme le dos d'un couteau, une cuillère robuste ou un grattoir spécifique. L'objectif n'est pas de couper, mais de racler.

Commencez par une extrémité (généralement la tête) et progressez vers la queue. Appliquez une pression ferme et constante, en grattant la peau pour enlever toute la matière charnue. Vous verrez les tissus se détacher en lambeaux. Continuez jusqu'à ce que la face interne soit propre, blanche ou translucide, et que vous ne sentiez plus de résidus graisseux au toucher. Une fois l'écharnage terminé, lavez la peau à l'eau froide avec un savon doux (un savon de Marseille ou un liquide vaisselle dégraissant fonctionne bien) pour éliminer le sang et la graisse restants. Rincez abondamment et épongez-la délicatement avec un chiffon propre sans la tordre.

Les méthodes de tannage et de séchage

La peau est maintenant prête pour le processus de conservation qui va la transformer en un matériau durable. Il existe plusieurs méthodes, mais deux sont particulièrement accessibles et efficaces pour un usage amateur.

Tannage au sel : la méthode traditionnelle

Cette technique est la plus simple et utilise le pouvoir déshydratant du sel pour préserver la peau. Elle donne un résultat assez rigide, parfait pour des expositions murales ou des incrustations sur des objets plats.

Étapes :

Trouvez une grande planche de bois non traité (le contreplaqué est idéal). Étirez la peau dessus, côté écailles contre le bois.
Fixez les bords de la peau avec de petits clous ou des punaises, en commençant par le centre et en allant vers les extrémités. Tendez-la pour qu'elle soit bien à plat, mais sans l'étirer excessivement, ce qui déformerait le motif des écailles. Placez un clou tous les 2 à 3 centimètres.
Recouvrez intégralement la face interne d'une couche épaisse (environ 1 cm) de sel non iodé. Le sel de décapage ou le sel de mer fin sont parfaits. L'iode peut tacher la peau.
Placez la planche dans un endroit sec, frais et bien ventilé, à l'abri de la lumière directe du soleil et de l'humidité. Un garage ou un sous-sol sec sont de bons choix.
Après 24 à 48 heures, le sel sera humide car il aura absorbé l'eau de la peau. Grattez cette couche de sel et remplacez-la par une nouvelle couche de sel frais.
Le séchage complet prend généralement entre une et deux semaines, selon l'épaisseur de la peau et l'humidité ambiante. La peau est prête lorsqu'elle est complètement sèche, rigide et cassante au toucher.

Tannage à la glycérine et à l'alcool : pour plus de souplesse

Si vous souhaitez que la peau reste souple pour l'utiliser en maroquinerie (bracelets, ceintures), cette méthode est préférable. La glycérine remplace l'eau dans les fibres de la peau, l'empêchant de durcir.

Étapes :

Préparez une solution en mélangeant à parts égales de la glycérine (disponible en pharmacie) et de l'alcool dénaturé (alcool à brûler). Prévoyez une quantité suffisante pour immerger complètement la peau.
Plongez la peau préalablement nettoyée et écharnée dans cette solution, dans un récipient en verre ou en plastique avec un couvercle.
Assurez-vous que la peau est totalement immergée. Vous pouvez utiliser un poids non réactif (une pierre propre, un bocal en verre rempli d'eau) pour la maintenir au fond.
Laissez tremper pendant 3 à 7 jours, en agitant le bocal une fois par jour pour assurer une pénétration uniforme de la solution.
Retirez la peau et essuyez l'excédent de liquide avec un chiffon. Ne la rincez pas.
Fixez-la sur une planche comme pour la méthode au sel. Cela permet de la faire sécher bien à plat et de lui donner sa forme finale. Le séchage à l'air prendra plusieurs jours. Le résultat sera une peau propre, conservée et flexible.

Finition et conservation à long terme

Une fois la peau sèche, quelques étapes de finition peuvent améliorer son apparence et sa durabilité. Pour une peau tannée au sel, qui est très rigide, vous pouvez l'assouplir en la « travaillant ». Frottez-la vigoureusement sur le bord arrondi d'une table ou le dossier d'une chaise. Ce processus mécanique casse la raideur des fibres sans endommager la peau.

Pour nourrir la peau et lui redonner un léger lustre, vous pouvez appliquer une très fine couche de conditionneur pour cuir ou d'huile de vison avec un chiffon doux. Faites un test sur une petite zone discrète au préalable. Pour le stockage, évitez de plier la peau, car cela crée des marques permanentes. Roulez-la lâchement avec les écailles vers l'extérieur ou conservez-la à plat, à l'abri de la lumière du soleil qui pourrait décolorer les pigments avec le temps.

#kígyóbőr szárítás

Le guide complet pour sécher une peau de serpent