Construire un mur de soubassement en béton sans mortier : guide pratique

Construire un mur de soubassement en béton sans mortier : guide pratique

La planification et la préparation du site

Avant même de toucher une pelle, la phase de planification est fondamentale pour la réussite de votre mur de soubassement. La première étape consiste à vous renseigner sur les réglementations locales. Consultez le service d'urbanisme de votre municipalité pour connaître les exigences spécifiques du code du bâtiment local. Il est souvent nécessaire d'obtenir un permis de construire, surtout pour des structures porteuses. Ce processus garantit que votre projet respecte les normes de sécurité et de zonage en vigueur.

Une fois les autorisations obtenues, la préparation du site peut commencer. Délimitez précisément l'emplacement du futur mur à l'aide de piquets en bois et de cordeaux tendus. Utilisez un grand équerrage de maçon ou la méthode 3-4-5 pour vous assurer que les coins sont parfaitement à 90 degrés. L'exactitude à cette étape prévient bien des maux de tête plus tard.

L'excavation de la tranchée pour la semelle de fondation est l'étape suivante. La profondeur de cette tranchée est cruciale : elle doit impérativement descendre sous la ligne de gel (ou profondeur du hors-gel) de votre région. Cette information est généralement disponible auprès des services techniques de votre ville. Creuser suffisamment profond empêche le sol de soulever et de fissurer votre fondation lors des cycles de gel et de dégel. Le fond de la tranchée doit être parfaitement nivelé et compacté à l'aide d'une dame manuelle ou d'une plaque vibrante pour créer une base stable.

La réalisation de la semelle de fondation en béton

La semelle de fondation est la base sur laquelle reposera tout le poids de votre mur et de la structure qu'il soutient. Sa conception ne doit souffrir d'aucun compromis. Elle répartit la charge sur une plus grande surface du sol, assurant la stabilité de l'ensemble.

Le coffrage et le ferraillage

Le coffrage, généralement réalisé avec des planches de bois, sert de moule pour le béton frais. Construisez un cadre solide aux dimensions de votre semelle, en veillant à ce que les planches soient bien droites et solidement maintenues en place par des piquets. À l'intérieur de ce coffrage, vous installerez le ferraillage. Ce treillis de barres d'armature (communément appelées "fers à béton") donne au béton sa résistance à la traction. Le béton est très résistant à la compression, mais faible en tension ; l'acier compense cette faiblesse. Surélevez légèrement le ferraillage du fond de la tranchée à l'aide de cales pour qu'il soit entièrement enrobé par le béton.

C'est également à ce stade que l'on prépare l'ancrage vertical du mur. Des barres d'armature verticales doivent être positionnées et attachées au ferraillage de la semelle. Elles doivent être suffisamment longues pour traverser plusieurs rangées de blocs de béton. Leur espacement doit correspondre aux alvéoles des blocs qui seront remplies de béton plus tard.

Le coulage du béton

Pour une semelle de petite taille, vous pouvez mélanger le béton vous-même. Pour des projets plus importants, il est plus simple et plus fiable de commander du béton prêt à l'emploi. Versez le béton uniformément dans le coffrage. Au fur et à mesure du remplissage, utilisez une aiguille vibrante ou piquez le béton avec une barre d'acier pour éliminer les bulles d'air. Ces poches d'air affaibliraient la structure finale. Une fois le coffrage rempli, nivelez la surface avec une grande règle de maçon en la faisant glisser sur les bords du coffrage. Laissez le béton durcir pendant plusieurs jours (la durée de cure dépend des conditions météorologiques et du type de ciment) avant de commencer à monter le mur.

Le montage des blocs de béton à sec

La technique de l'empilage à sec (dry-stacking) est ce qui différencie cette méthode. Au lieu de lier chaque rangée avec du mortier, les blocs sont simplement empilés les uns sur les autres avant d'être solidarisés par un remplissage de béton.

La première rangée : l'étape la plus critique

Ironiquement, pour un mur "sans mortier", la première rangée est souvent posée sur un fin lit de mortier frais étalé sur la semelle de fondation. Cette étape est cruciale car elle permet de rattraper les petites imperfections de la semelle et de garantir que la première assise est parfaitement de niveau et d'aplomb. Chaque bloc est soigneusement positionné, vérifié avec un niveau à bulle dans toutes les directions, et ajusté avec de légers coups de maillet en caoutchouc. Prenez tout le temps nécessaire : une première rangée imparfaite se répercutera sur tout le reste du mur.

L'empilage des rangées suivantes

Une fois la première rangée sèche, les suivantes s'empilent rapidement. Il suffit de les poser les unes sur les autres en veillant à bien les aligner. La règle d'or est de décaler les joints verticaux d'une rangée à l'autre, généralement de la moitié de la longueur d'un bloc. Cet appareil, dit en panneresse, assure la cohésion et la résistance mécanique du mur. Certains blocs de béton sont conçus avec des systèmes d'emboîtement (tenons et mortaises) qui facilitent l'alignement. Pour les extrémités du mur ou les angles, vous devrez probablement couper des blocs à l'aide d'une meuleuse d'angle équipée d'un disque diamant ou d'une scie à maçonnerie.

Le renforcement et le remplissage du mur

Un mur de blocs empilés à sec n'a aucune résistance structurelle tant qu'il n'est pas renforcé et rempli. C'est cette étape qui transforme un simple empilement en un mur monolithique et robuste.

L'installation de l'armature

En plus des barres verticales déjà en place depuis la semelle, une armature horizontale est nécessaire. Des fers à béton sont posés dans les alvéoles ou dans des rainures prévues à cet effet dans certains types de blocs. Cette armature horizontale est généralement ajoutée toutes les deux ou trois rangées, ainsi qu'au sommet du mur, créant un quadrillage d'acier à l'intérieur du mur.

Le remplissage des alvéoles avec du béton

Lorsque le mur a atteint sa hauteur finale et que tout le ferraillage est en place, les alvéoles contenant les barres d'armature verticales sont remplies de béton. On utilise un béton assez fluide, parfois appelé coulis, pour qu'il s'écoule facilement jusqu'au bas du mur et enrobe parfaitement l'armature. Un entonnoir large ou une pompe à béton peut grandement faciliter cette opération. Après avoir versé le béton, tapotez les faces des blocs avec un maillet pour aider le béton à bien se tasser et à remplir tous les vides. Le béton, en durcissant, va souder les blocs et l'armature en une seule et même structure massive.

Les finitions et la protection

Le mur est presque terminé. Pour pouvoir y fixer la charpente en bois de votre construction (par exemple, le plancher du rez-de-chaussée), il faut sceller des boulons d'ancrage (type "J-bolts") dans le béton encore frais de la dernière rangée. Ces boulons permettront de visser solidement la lisse basse de l'ossature bois.

Enfin, la partie du mur qui restera enterrée doit être protégée de l'humidité du sol. Appliquez une membrane d'étanchéité bitumineuse ou un enduit hydrofuge sur toute la surface extérieure. Cette barrière est indispensable pour prévenir les infiltrations d'eau et garantir un sous-sol sec et sain.

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